Les vins de Bordeaux ont une renommée mondiale. Le long de la Garonne et Dordogne jusqu’à la pointe de l’estuaire de la Gironde, la région regroupe des appellations parmi les plus prestigieuses au monde : Margaux, Saint-Estèphe, Pauillac, Saint-Emilion…
Derrière le nectar de Bacchus se raconte une histoire, un terroir et une culture uniques !
Un peu d’histoire …
On retrouve la trace des vignes à l’époque de l’Antiquité. Les Anglais dès le Moyen Age ont développé la réputation des vins de Bordeaux, participent à son expansion commerciale ; puis à la Renaissance les marchands venus du Nord, d’Allemagne et des Pays-Bas contribuent aussi à ce succès.
Le 18e siècle constitue l’âge d’or de Bordeaux, qui fonde sa prospérité sur les vignes aux côtés du commerce, et ses châteaux donnent naissance à ce qu’on appellera une « aristocratie du bouchon ».
Aujourd’hui, le vignoble bordelais de 120 000 ha est le plus grand territoire des appellations d’origine contrôlées (AOC) en France.
Doté d’un climat tempéré avec l’influence de l’océan atlantique, il se caractérise par une grande diversité de terroirs, délimités auprès des principaux villages et émaillés de châteaux souvent magnifiques.
Distinction entre rive droite et rive gauche
En jetant un coup d’œil sur une carte, on trouve sur la rive gauche de la Garonne le Médoc et les Graves, le Sauterne, sur la rive droite le Libourne, Saint-Emilion, Pomerol…
Entre les deux fleuves se situe l’Entre-Deux-Mers.
Les vins de Bordeaux sont partagés entre les cépages noirs qui composent plus de 80% du vignoble bordelais et les cépages blancs.
Pour les vins rouges, on trouve principalement le Cabernet-Sauvignon, le Cabernet franc et le Merlot.
Du côté des cépage blancs, le sémillon (doux), le sauvignon blanc (sec) sont prédominants, la muscadelle, quant à elle, apporte de la fraicheur aux vins.
Sur la rive gauche, aux sols sablonneux, domine le Cabernet-Sauvignon avec des vins charpentés, tanniques.
Sur la rive droite aux sols argile calcaires, c’est le Merlot, avec des vins plus souples, ouverts sur le fruit, qui prévaut.
Élégance, finesse, équilibre font la qualité des meilleurs vins de bordeaux.
Une carte pour y voir plus clair :
On ne compte pas moins de 57 appellations d’origine contrôlées
On distingue des appellations régionales (Bordeaux supérieur…), des appellations sous-régionales (Graves, Médoc, Entre-deux-Mers…) et des appellations village comme Saint-Estèphe, Pessac-Léognan, Saint Emilion…
Les châteaux, près de 4000, sont des propriétés viticoles familiales ou appartiennent à de grands groupes, industriels ou financiers comme LVMH. Depuis 1990, les rachats de domaines se développent, notamment par des étrangers comme les Américains, les Japonais ou les Chinois séduits par ces vignobles de prestige.
Des classements pour y voir plus clair…
Le classement peut apparaître complexe. Contrairement au Bourgogne, il faut comprendre que ce classement est essentiellement régional.
Le premier classement remonte à 1855 et classe principalement des vins rouges issus du Médoc. Il distingue 5 niveaux, des premiers grands crus classés aux cinquièmes grands crus classé. Il n’a pas été modifié depuis, sauf en 1973 pour y inclure Mouton Rothschild.
Ce classement initié par Napoléon III permet de faire rayonner le vin de Bordeaux sur des critères de prix et de renommée.
Qui n’a pas entendu ces noms de rêve parmi les premiers du classement que sont Château Latour, Château Lafite, Château Margaux, Château Haut-Brion (c’est le seul Grave). Pour les vins blancs figure le légendaire roi des vins : Château d’Yquem !
D’autres hiérarchies sont apparues par la suite :
Les crus bourgeois, dénomination ancienne, font l’objet d’un palmarès en 1932 : il distingue les vins qui répondent à des critères de qualité tout en n’ayant pu être classés dans la liste de 1855 avec trois catégories, les crus bourgeois exceptionnels, supérieurs et bourgeois. Cette liste est révisable tous les 10 ans.
En 1955 l’appellation Saint Emilion crée son propre classement ; suivi en 1959 par le vignoble des Graves qui distingue 16 crus classés parmi lesquels le Domaine de chevalier ou Château Smith-Haut-Lafitte.
Cependant, des domaines choisissent de ne pas participer à la classification comme Le Pin, ou Petrus dont la renommée n’est plus à faire.
Classé ou pas, le vin, rappelons-le, est d’abord question d’exploration, de partage et d’émotions.
Pour conclure
Il existe une très large gamme de vins de haute qualité, sans aller chercher les crus exceptionnels, dont les prix donnent le vertige. A défaut de fréquenter les sites en ligne, Vinexpo ou la fête du Vin, la visite des propriétés et des chais révèle leur richesse.
Premier vignoble au monde, le vignoble bordelais connaît l’éclatant succès de ses crus prestigieux. Cependant, ce succès ne peut faire oublier les difficultés des vins plus ordinaires – comme ailleurs, le vignoble bordelais est confronté à la surproduction.
Il doit aussi faire face aux conséquences de la pandémie, gageons qu’il la surmontera comme il a surmonté le phylloxera, les deux guerres mondiales, et le gel de 1956. La passion pour la qualité, la recherche de meilleures pratiques avec la mise en oeuvre d’une agriculture raisonnée ou en bio, ainsi que le développement de l’oenotourisme montrent la voie.
Mais trêve de discours. La meilleure façon d’appréhender le vin de Bordeaux, c’est de faire lentement tourner sa robe vermeille, grenat ou dorée dans le verre et de le boire !
Bonne dégustation – avec modération s’entend.
Côme